Minerais de la transition énergétique et numérique

Quels sont les principaux minerais de la transition énergétique et numérique : de quoi s’agit-il et où les trouve-t-on ? Combien de nouvelles mines sont nécessaires pour la transition énergétique ? Quelles sont les difficultés découlant de la mise en place d’une mine ?
 
« Dieu dort dans le minéral, rêve dans le végétal, s’éveille dans l’animal, pense et aime dans l’homme. » – Père Prosper Monier (1886-1977), Prête jésuite.
 
La transition énergétique repose sur les minéraux nécessaires à la construction de véhicules électriques, de batteries, de parcs solaires et d’éoliennes. Dans une économie qui s’éloigne chaque jour des combustibles fossiles, l’approvisionnement en matériaux nécessaires à ce changement constitue l’un des plus grands défis.
 
Camus BOMISSO, FRM
Administrateur Indépendant – spécialiste de la gestion des risques et des processus stratégiques
 
Paris le 05 février 2025
 
« Le Génie est comme le diamant : il brille dans l’ombre. »  – Xavier Forneret (1809 – 1884), Ecrivain, poète, dramaturge et journaliste français.
Les évolutions et les transformations de l’économie sont généralement à l’origine d’un besoin croissant en certaines ressources minérales : ces substances sont nécessaires pour certaines technologies clés, utilisées par exemple pour l’exploitation des énergies renouvelables, le secteur défense, les technologies de l’information ou encore les mobilités vertes. Par ailleurs, l’augmentation de la démographie mondiale s’accompagne d’une croissance des besoins en ressources minérales. Ces dernières sont omniprésentes dans l’économie et entrent notamment dans les biens de consommation tels que les produits de haute technologie et numériques (terres rares, tantale, germanium, cobalt…).
Pour les années à venir les programmes d’investissements en matière de transition énergétique (bas carbone) et numérique augmenteront encore la pression sur certaines ressources minérales.
Le but de cet article en se basant en partie sur les données de « Benchmark Mineral Intelligence » est d’évaluer les besoins à horizon 2030 en prenant 2024 comme date de départ. La démarche vise à répondre aux questions suivantes : (i) quels sont les principaux minerais de la transition énergétique et numérique : de quoi s’agit-il et où les trouve-t-on ? (ii) combien de nouvelles mines sont nécessaires pour la transition énergétique ? (iii) quelles sont les difficultés découlant de la mise en place d’une mine ?
 
@ Quels sont les principaux minerais de la transition énergétique et numérique : de quoi s’agit-il et où les trouve-t-on ?
 
Les minéraux de la transition sont des substances naturelles idéales pour les technologies renouvelables. Le lithium, le nickel et le cobalt sont des composants critiques des batteries, comme celles qui alimentent les véhicules électriques et pas que. Par ailleurs, les terres rares font partie des aimants qui font tourner les éoliennes et les moteurs électriques. En plus, le cuivre et l’aluminium sont utilisés en grandes quantités dans la fabrication des lignes de transport d’électricité. On les trouve dans les roches presque partout sur la planète, mais seulement une poignée de pays et d’entreprises en contrôlent l’extraction.
Dans le détail, il s’agit de la Chine extrait la plupart des terres rares, l’Indonésie la plus grande partie du nickel et la République démocratique du Congo la plus grande partie du cobalt. De nombreux minéraux liés à la transition énergétique se trouvent également dans un groupe de pays en développement enclavés, dont certains figurent parmi les nations les moins développées du monde.
 
@ Dimensionnement des besoins globaux :  |Minéraux | Offre 2024 (t) | Demande 2030 (t) | Offre nécessaire (t) Nombre de mines/type d’usines|

Selon Benchmark Mineral Intelligence, pour répondre à la demande mondiale de batteries d’ici 2030, il faudrait 293 nouvelles mines ou usines.
 
Lithium
 (1 181 000 tonnes | 2 728 000 tonnes |1 547 000 tonnes | 52 Mines) ;
Cobalt
(272 000 tonnes |  401 000 tonnes |  129 000 tonnes |  26 Mines) ;
Nickel
 (3 566 000 tonnes | 4 949 000 tonnes | 1 383 000 tonnes | 28 Mines) ;
Graphite naturel
(1 225 000 tonnes | 2 933 000 tonnes | 1 708 000 tonnes | 31 Mines) ;
Graphite synthétique
 (1 820 000 tonnes |   2 176 000 tonnes |   356 000 tonnes |  12 Usines) ;
Manganèse
 (90 000 tonnes | 409 000 tonnes | 319 000 tonnes | 21 Usines) ;
 Acide phosphorique purifié(6 493 000 tonnes | 9 001 000 tonnes | 2 508 000 tonnes | 33 Usines) ;
Cuivre
(22 912 000 tonnes |  26 576 000 tonnes |  3 664 000 tonnes |  61 Mines);
Terres rares
(83 711 tonnes | 116 663 tonnes | 32 952 tonnes | 29 Mines)
 
Le cuivre, utilisé dans les fils et autres applications, et le lithium, essentiel aux batteries, nécessiteront le plus grand nombre de nouvelles mines. La production de manganèse devrait plus que quadrupler pour répondre à la demande prévue.
 
@ Quelles sont les difficultés découlant de la mise en place d’une mine ?
 
La construction de nouvelles mines constitue l’un des plus grands défis pour répondre à la demande attendue.
 
Après la découverte et l’exploration, les projets miniers doivent passer par un long processus de recherche, d’autorisation et de financement avant de devenir opérationnels.
 
Aux États-Unis, par exemple, le développement d’une nouvelle mine peut prendre 29 ans.
 
En revanche, le Ghana, la République démocratique du Congo et le Laos ont des délais de développement parmi les plus courts au monde, soit environ 10 à 15 ans.